Mon père est mort le 1er août vers six heures du matin et je suppose que, à cette heure-là, je dormais encore. Mais à cet âge - j\'allais avoir mes trois ans douze jours plus tard - la mort est-elle autre chose qu\'un long sommeil ? On pleure si on a faim ou soif, mais on ne pleure pas la mort d\'un père parce qu\'on ne sait pas encore ce que c\'est que la mort et, sans doute, on commence à peine à dissocier la figure du père de celle, nourricière et infiniment plus familière, de la mère.
Que faire d’un père qui dort, comme une sorte de Rip Van Winkle éhonté, fuyant dans le sommeil ses responsabilités? Comment faire, surtout, pour tuer le père et s’assurer ainsi de pouvoir atteindre sa propre maturité d’homme? Comment grandir quand le destin m’a fixé devant un bol de soupe, dans une enfance de trois ans dont je ne sais plus quoi faire à soixante? J’ai beau tourner et retourner la question, j’en reviens toujours à ce sommeil inamovible, mais qui n’est pas éternel, à cette mort qui n’aurait pas dû survenir.
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